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Ce que j'en lis
31 août 2014

Les compagnons du Monomotapa, Colette Vivier

monomo

"Roman d'aventures destiné à la jeunesse, "Les compagnons du Monomotapa" narre l'histoire d'un groupe d'enfants liés par le cours des événements à la poursuite d'un mystérieux voleur..."

Je poursuis la découverte de la première bibliothèque rose avec ce volume sorti au hasard, tout ça parce que son auteur a le mérite de s'appeler Vivier et qu'un V, c'est super pour mon challenge ABC. Vous savez déjà que j'adore me replonger dans ces vieux livres pour enfants, et découvrir les morales qu'on leur enseignait à l'époque, et à quel point ils ont mal vieilli. Pourquoi certains livres sont-ils passé à la postérité, et pas d'autres?

Cela reste toujours aussi mystérieux après cette bonne surprise!

Le petit Hervé Perdriat, dix ans, se montre très protecteur envers sa mère Line depuis le décès de son père. Son jeune âge ne lui permet toutefois pas de comprendre à quel point leur situation financière est précaire: les leçons d'anglais que donne Line ne sont pas suffisantes pour les frais du ménage, et ils grignotent leurs économies petit à petit. Jusqu'à ce que la tante Mani et l'oncle Bob proposent à Line un travail à Genève, très bien payé... mais qui la contraint à mettre son fils en pension quelques mois. Evidemment, Hervé n'est pas content du tout, et jure de retrouver sa mère avant le premier septembre. Il se promet même de brûler sa précieuse boîte aux trésors s'il n'y parvient pas (et ça, c'est du serment, ça fout la pression, quand même).

La pension n'est pas à son goût, les camarades rivalisent (presque) tous de bêtises et de violences et il lui faudra de bien longs jours avant de rencontrer des compagnons qui deviendront ses amis. Et que tout se termine en happy end, évidemment!

J'ai adoré le personnage d'Hervé! Il est fait d'un mélange de candeur et de volonté étonnant. Encore coincé dans l'enfance, il veut se raisonner et "devenir adulte" plus vite, être pris au sérieux pour protéger sa mère. Tout sonne incroyablement juste. Il fait le projet fou de s'enfuir de la pension de nuit, et de rejoindre sa mère à pied à Genève... mais fait rapidement demi-tour.

"Il ouvrit, et d'un seul coup, la nuit noire l'entoura. Dans sa hâte, il avait oublié de prendre son imperméable et, lorsqu'il arrive au bout du jardin, la pluie l'avait déjà transpercé. Sur la route, retentit le cri rauque d'un ivrogne. Hervé ralentit le pas, regarda et rentra tout doucement. Tout doucement, il se déshabilla, déposa sa serviette et se coucha sur le ventre, sans larmes et sans pensée. Il ne pouvait pas, c'était impossible, il avait agi comme un enfant!"

Ce passage n'est-il pas magnifique? Une illusion brisée par la réalité en un seul paragraphe! Il devra affronter plusieurs moments de ce genre avant de trouver la solution à ses problèmes. Ce n'est pas un petit garçon parfait: il agit même comme un crétin à de nombreuses reprises. On l'accuse de vol, et il se sauve à toutes jambes, attirant toutes les suspicions sur lui. Il repousse vertement Bricol, qui ne cherche qu'à gagner son amitié, mais qu'il trouve mou et pleurnichard. Mais il a bon fond, alors on lui pardonne volontiers!

Le personnage de la mère est également intéressant. D'habitude, on a notre lot de mères courage, trimant comme des folles pour assurer la subsistance de la famille, et seule l'adversité peut les séparer de leur progéniture. Line n'est, elle, qu'une grande enfant, incapable de faire face à ses responsabilités. On devine que son mari se chargeait de tout. Elle se voile la face sur leurs finances et se laisser guider par les autres sans protester. A la fin du roman, heureusement, elle s'affirme un peu. Etrange de trouver cette maman douce et rêveuse, mais faible, dans ce genre de livre! On comprend mieux le rôle protecteur qu'Hervé adopte avec elle.

Tout cela serait bien trop sérieux et triste s'il n'y avait les Monomotapas. C'est à ce moment du récit que la magie opère véritablement! Les compagnons décident de former une ligue pour réaliser les plus chers désirs de tous les enfants des environs. Vous vous doutez qu'Hervé avait une idée derrière la tête en leur soumettant cette idée, évidemment!

Pourquoi les Monomotapas? Cette fois, il y a une raison (pas comme un certain cirque Piccolo), puisqu'ils se sont inspirés d'une fable de Lafontaine pour leur nom:

"Deux vrais amis vivaient au Monomotapa;
L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre.
Les amis de ce pays-là
Valent bien, dit-on, ceux du nôtre."

("Les deux amis")

Notons qu'il n'y a pas de grands méchants, dans cette histoire, comme si le principal adversaire était la réalité elle-même.

C'est léger, c'est agréable, et ça n'a pas vieilli d'un poil! On passe des vacances enchanteresses à courir la campagne avec Hervé et ses amis, et à former des projets improbables qui auront pour mérite principal de nous faire rêver. Ca grimpe aux arbres, ça organise des spectacles, ça part camper... C'est l'été qu'on aurait tous voulu vivre étant petits!

 

 

Bonus "Touche pas à mon pote": (p. 104)

- Et si nous formions une société secrète?
- [...] ce serait une société dans le genre des "aventuriers du désert" ou du "Ku Klux Klan"!

 

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