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Ce que j'en lis
1 juin 2013

Cartographie des nuages, David Mitchell

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"Adam Ewing est un homme de loi américain, embarqué à bord d'une goélette partie de Nouvelle-Zélande et faisant route vers San Francisco, sa ville natale. Il n'a rien à voir avec Robert Frobisher, lequel, un siècle plus tard, se met au service d'un compositeur génial pour échapper à ses créanciers. Ni l'un ni l'autre ne peuvent connaître Luisa Rey, une journaliste d'investigation sur la piste d'un complot nucléaire, dans la Californie des années 70. Ou Sonmi~451, un clone condamné à mort par un État situé dans le futur. Pourtant, si l'espace et le temps les séparent, tous ces êtres participent d'un destin commun, dont la signification se révèle peu à peu. Chaque vie est l'écho d'une autre et revient sans cesse, telle une phrase musicale qui se répéterait au fil d'innombrables variations."


Si je devais résumer mon impression générale, ce serait simple: David Mitchell est un génie. Voilà, ça, c'est dit, on peut passer à la suite.

Ce roman est absolument magistral. Il se compose de six histoires qui s'entremêlent discrètement, et qui ont chacune leur caractère, leurs personnages et surtout leur style propre. C'est éblouissant de talent, vraiment. On perçoit à peine l'auteur tant il se fond dans les particularités exigées par chaque époque, et parvient à donner une identité forte et unique à chaque partie. Honnêtement on m'aurait dit qu'il s'agissait d'un écrivain différent pour chaque chapitre, je l'aurais cru aveuglément. On a affaire à un véritable caméléon stylistique.

Il est pourtant déconcertant au premier abord: on quitte brusquement chaque personnage, parfois en plein milieu d'une phrase, pour se retrouver précipité quelques dizaines d'années plus tard. On ne comprend pas les liens, s'ils existent. Ces gens n'ont aucun rapport en apparence, on passe de l'aventure à la science-fiction... Pourtant il existe un fil ténu qui lie délicatement ces morceaux d'histoire.

La construction est originale: les récits s'imbriquent les uns dans les autres, telles des poupées russes. Après une première partie consacrée à la découverte de chaque univers, et le récit central, pivot du propos de l'auteur, la deuxième partie est faite de retrouvailles. On n'est plus en terrain inconnu, et l'envie de savoir ce que chacun est devenu fait de cette dernière moitié un page-turner efficace. Car peu importe, au fond, qu'Ewing soit naïf, Frobisher imbu de lui-même, Cavendish aigri... malgré leurs innombrables défauts, on s'attache à eux. Mitchell ne nous présente pas de héros lisses et idéalisés, mais des êtres humains, pétris de doutes et de contradictions, terriblement réalistes, auxquels on s'identifie facilement.

Ajoutez à cela une fameuse louche de créativité (l'incroyable récit de Sonmi m'a bluffée, tant par ses néologismes que par la richesse de son univers) et une morale bien amenée, et vous aurez compris qu'il ne faut décidément pas rater ce roman!

A titre personnel, le récit qui m'a le moins touchée est celui de Cavendish, qui manquait de profondeur par rapport aux autres protagonistes. En revanche, j'achète tout de suite une série de romans consacrés à Sonmi!


Je tiens également à souligner le travail du traducteur, qui a dû s'arracher les cheveux plus d'une fois. A sa place, je serais sans doute partie m'acheter une corde. Enorme boulot, magnifique résultat. Big-up à toi, Manuel Berri, tu m'as bluffée.

(Et je me rends compte à l'arrache qu'il faisait partie de la liste des Teacher's Favourite Books, c'est magique parce que pour le coup ce n'était pas du tout calculé!)

Merci à Bouquinette d'avoir proposé cette lecture commune! Découvrez les avis des autres participants: Coldtroll, Bouquinette, Petite Fleur, Cendre_MgE.

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Commentaires
P
Et moi j'ai préféré Louisa :-) C'est bien, chaque lecteur peut en trouver à son goût. Vraiment bien construit, et qui se lit très bien, même si on est surpris plus d'une fois.
B
Sonmi c'est la meilleure ! <br /> <br /> Je n'y avais pas pensé, mais tu as raison de féliciter le traducteur (en même temps dès que tu traduis plus de 10 pages, tu dois commencer à te prendre la tête !!)
C
moi, j'ai bien aimé cavendish, mais comme j'ai vu le film, j'en gardais le souvenir très drôle et frais qu'apportait ses séquences. la fin de luisa rey m'a déçu, par contre, dans le livre.<br /> <br /> c'est vrai que le travail du traducteur est remarquable.
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