Persuasion, Jane Austen
"Persuasion raconte les retrouvailles d'Anne Elliot avec Frederick Wentworth, dont elle a repoussé la demande en mariage huit ans auparavant, persuadée par son amie Lady Russell des risques de cette union avec un jeune officier de marine en début de carrière, pauvre et à l'avenir incertain. Mais alors que la guerre avec la France s'achève, le capitaine Wentworth revient, fortune faite, avec le désir de se marier pour fonder un foyer. Il a conservé du refus d'Anne Elliot la conviction que la jeune fille manquait de caractère et se laissait trop aisément persuader". (source Wikipedia)
Plus le temps passe, plus je réalise que je ne pourrai jamais clamer que je suis une grande fan de Jane Austen devant l'Eternel. Mais au moins, j'aurai lu son oeuvre, et j'aurai parfaitement compris en quoi elle est admirable et mérite d'être découverte.
Anne Elliot est sans conteste mon personnage préféré jusqu'à présent, tous romans confondus! Elle n'a pas la rigidité morale agaçante d'Elinor dans "Raison et sentiments" ou la mollesse de Fanny de "Mansfield Park". Plus mûre, elle a l'intelligence nécessaire pour se conformer aux exigences si codifiées de la vie sociale de l'époque, sans pour autant perdre son sens critique. Elle respecte sa famille comme il se doit, mais les voit cependant sous leur vrai jour et ne se prive pas de les juger intérieurement. Elle reste fidèle à ses convictions et suit son coeur, en ménageant adroitement les susceptibilités des uns et des autres. Enfin, une héroïne à laquelle j'ai pu m'identifier, pour laquelle j'ai ressenti une immense empathie!
L'intrigue n'est pas extraordinaire, mais elle n'est qu'un prétexte pour dépeindre la vie quotidienne de cette classe aisée. On retrouve le carcan de bonnes manières, les coutumes figées, la galerie de personnages plus ou moins méprisables. Gentilles écervelées, dépressives chroniques, propriétaires indifférents gravitent autour d'Anne qui semble décidément être la seule personne douée de raison (et d'un physique pas trop désagréable, en plus). Jane Austen n'est pas tendre avec l'aristocratie anglaise! Elle souligne avec ironie tous les petits travers ridicules de la bonne société.
J'ai tout de même beaucoup de mal avec la tiédeur et la retenue de cette époque. De nos jours, peut-être qu'il aurait suffi à Anne de poker Frederick sur Facebook ou de lui envoyer un texto innocent pour renouer le dialogue, mais puisqu'ils sont victimes des usages, il faut attendre des semaines que la bonne occasion se présente, qu'on puisse échanger quelques mots sujets à toutes les interprétations, pour pouvoir ensuite se retirer dans ses appartements, terrassés par l'émotion. "Quand il m'a dit bonjour, j'ai bien senti dans le ton de sa voix qu'il me souhaitait réellement de passer une bonne journée, mais il a ensuite évoqué le temps pluvieux, ô Seigneur! Faisait-il un parallèle avec ma mélancolie affichée? Mon caractère lui déplaît-il tant?". Il faut bien une journée complète d'isolement pour se remettre du choc causé par un regard expressif. Ce n'est pas facile, la vie.
Sans doute le roman que je conseillerais pour faire connaissance avec Jane Austen!
Les avis des autres participants: Alison Mossharty, Parthenia, julieblack, BouQuiNeTTe