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Ce que j'en lis
20 décembre 2013

Raison et sentiments, Jane Austen

raison

Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgoisie locale étriquée et à l'hypocrisie feutrée.
L'aînée, Elinor a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s'éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de coeur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu'au jour où Willoughby disparaît...

 

Comme il me faisait peur, ce Jane Austen, après le trop long et difficile "Mansfield Park" qui ne m'avait pas convaincue du tout! Heureusement, me voilà réconciliée avec sa plume!

Il faut dire que les deux soeurs sont très attachantes, Elinor avec son sens des convenances et sa prudence autant que Marianne, entière et passionée. On peut s'identifier tour à tour à l'une ou l'autre, s'agacer d'un sérieux trop austère ou d'une fantaisie un peu légère.

Ce qui me fascine chez cet auteur, c'est de découvrir au fil des pages l'importance de l'art de la conversation. Evidemment, sans télé ni radio, les usages étaient bien différents. Tout est codifié à l'extrême. Quand Elinor s'indigne des maladresses des autres, il me fallait parfois relire plusieurs fois le passage pour comprendre ce qui la gênait. Les écarts de Marianne restaient évidents, mais les mesquineries de Lucy étaient bien plus subtiles. Chaque choix de formulation est pertinent et cache des sous-entendus. Ca devait être terrible de ne pas pouvoir s'exprimer sans retourner chaque phrase plusieurs fois dans sa tête pour être certains qu'elle respectait les convenances!

Toujours en ce qui concerne les usages, la manière d'agir d'Edward - assumer un engagement pris dans un âge tendre jusqu'au bout - ne me paraissait pas du tout admirable, plutôt stupide. Mais pour être un homme d'honneur, mieux vaut respecter la parole donnée, quitte à se précipiter tête la première dans une existence malheureuse, plutôt que de changer d'avis et de suivre les élans de son coeur! Encore une preuve qu'il était nécessaire de bien réfléchir avant de parler!

La confession de Willoughby, qui se condamne à un mariage sans amour par appât du gain, ne m'a pas émue pour un sou. Je voyais Elinor s'attendrir au fil des pages et le prendre en pitié, et j'avais un mal de chien à la comprendre. Ce crétin néglige brusquement Marianne pour s'attirer un revenu conséquent et regrette sa conduite, d'accord. Mais ça n'y change rien. Tant pis pour lui. On assiste encore une fois à l'arrivée d'un plan B insatisfaisant: la pauvre Marianne finit avec le gentil colonel pour lequel elle n'éprouve pas grand chose, mais bon, la passion, ça ne se fait pas, apparemment. Mieux vaut une tiédeur de sentiments rassurante, une union sans éclats.

Je me demande également la raison d'être de la troisième soeur, Margaret, qui ne sert absolument à rien dans l'histoire et qu'on croise à peine.

Malgré mes difficultés à comprendre les raisonnements et les agissements des personnages, j'ai vraiment accroché à cette lecture. Le passage londonien, dans la bonne société dorée et oisive, m'a vraiment intéressée. J'aime quand Austen nous dépeint cette classe sociale, son hypocrisie crasse et ses habitudes rigides. Sa plume ironique rend à merveille les incohérences de leurs comportements.

Me voilà donc regonflée à bloc et confiante pour entamer le prochain!

 

Découvrez l'avis des autres participants: parthenia,

 

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Commentaires
B
Je regrette également que Margareth soit mise à l'écart dans le roman. Dans les adaptations elle est plus remarquable, et bien plus intéressante !
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