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Ce que j'en lis
20 décembre 2013

Beignets de tomates vertes, Fannie Flagg

 

beignets

 

 

"Un sacrée numéro, Idgie ! La première fois qu'elle a vu Ruth, elle a piqué un fard et elle a filé à l'étage pour se laver et se mettre de la gomina. Par la suite, elles ont ouvert le café et ne se sont plus jamais quittées. Ah ! Les beignets de tomates vertes du Whistle Stop Café ... J'en salive encore !"
Un demi-siècle plus tard, Ninny, quatre-vingt-six ans, raconte à son amie Evelyn l'histoire du Whistle Stop, en Alabama. Il s'en ai passé des choses, dans cette petite bourgade plantée au nord de la voie ferrée ! Et Evelyn, quarante-huit ans, mari indifférent, vie sans relief, écoute, fascinée. Découvre un autre monde. Apprend à s'affirmer, grâce à Ninny, l'adorable vieille dame.
Chronique du Sud profond de 1929 à 1988, ce roman tendre et généreux vous fera rire aux éclats et, au détour d'une page, essuyer une larme. Humour et nostalgie : une recette au parfum subtil ...

 

Depuis le temps que j'entendais parler de ce livre, il était temps que je le découvre! Quelques petits détails m'auront laissé un goût de trop peu, mais ça n'en reste pas moins un très bon moment.

En règle générale, j'ai un peu de mal avec le passé idéalisé, quand tout le monde était heureux, que Charles Ingalls fabriquait inlassablement des barrières et qu'on se contentait de rien avec un sourire enchanté. Les voisins étaient tous amis, tout le monde s'entraidait, et même les drames servaient à souder la communauté. Le monde des bisounours, en somme.

Ici, on est en plein dedans: c'est plein de gentils très gentils, de méchants quand même plutôt gentils au fond, d'amitiés et de solidarités et de soleil dedans ton coeur. Dit comme ça, ça paraît niais... pourtant, j'ai adhéré.

Là où je me suis en revanche posé des questions, c'est concernant l'immense non-dit général autour de la relation homosexuelle entre Ruth et Idgie. C'est très bien de mettre en scène un couple homosexuel équilibré, loin de la caricature habituelle, et de casser le cliché du "ça n'existait pas avant". Mais que ça ne suscite AUCUNE réaction négative au sein de cette (décidément très chouette) bourgade, là, tout de même, ça me surprend. Des racistes appartenant au Klan, oui; des homophobes, non madame! Pas une vague. Pas un ragot. Pas un affrontement. Le paradis.

J'ai aimé naviguer entre présent et passé. Sans cette alternance, peut-être que j'aurais beaucoup moins accroché au personnage d'Evelyn, qui paraît tellement fade à côté des individus hauts en couleurs dépeints par Ninny. Petit à petit, l'équilibre se crée, et les deux époques m'ont autant intéressée l'une que l'autre. C'est fascinant de voir l'influence de ces récits sur la petite vie monotone d'Evelyn, de suivre sa recherche d'identité et ses errances avec Towanda avant qu'elle ne parvienne enfin à s'affirmer.

Le livre raconte plusieurs dizaines d'années, et nous donne vraiment l'impression de faire partie de cette communauté, notamment grâce à l'excellente Gazette de Dot Weems. Aucun événement n'en ressort plus que d'autres: il se passe toujours quelque chose, mais ce sont de ces petits riens qui font les vies ordinaires. Vous savez, l'histoire de la vie, le cycle éternel, tout ça...

 

Une parenthèse rafraîchissante à découvrir sans hésiter!

 

Publié en 1987, ce livre rentre dans le cadre du challenge 20e siècle.

XX

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