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Ce que j'en lis
20 novembre 2009

Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué, Howard Buten

9782020685757FS

Il voulait voir s'envoler les minutes...
Gil n'a que huit ans. Mais son petit cœur a déjà connu de bien grands sentiments. Trop grands. Trop forts...
A cause de ce qu'il a fait à Jessica, le voici dans une résidence spécialisée. Seul, face à la bêtise des adultes qui transforment ses rêves en symptômes cliniques, et son amour en attentat. Seul dans une forteresse de silence.
Qui pourra l'y rechercher ?
Une émotion pure, dans une langue merveilleusement préservée.



Bon, je vous le dis tout de suite, c'est un chef d'oeuvre. C'est même un putain de chef d'oeuvre que j'ai dû lire des centaines de fois, avec sa suite "Le coeur sous le rouleau compresseur".

Gil Rembrandt, huit ans, enfermé à la Résidence Home d'Enfants les Paquerettes, pour "ce qu'il a fait à Jessica", donc. Un petit garçon dont les actes et les pensées vont être disséqués méthodiquement par les psychologues. Il explique, avec ses mots à lui, entre rêves et flashes-back, comment il a fini par se retrouver là... Ou du moins, il tente de le comprendre, puisque tout reste confus, et que le "C'est pas bien" des adultes reste flou. Le langage peut donc dérouter pendant les premières pages, puisque tel le titre, il reprend sans complexe les hasards grammaticaux et les néologismes de cet âge. Un petit extrait pour vous donner une idée:


"A l'école, y a aussi une cantine oùsqu'on peut acheter à déjeuner pour trente-cinq cents. On se met en rang pour faire la queue et les cuisinières sont toutes grosses avec des doigts rouges et un filet sur les cheveux. On a du lait dans des petites bouteilles. Il est tiédasse pasqu'ils le gardent tout près de là oùsqu'y a les chiffons pour nettoyer les tables quand on a fini de manger. L'eau est grise avec des morceaux de choses à manger qui flottent dedans. Ca sent le vomi. On frotte la table avec le chiffon et y laisse une espèce de trace blanche. J'achète pas de lait à l'école vraiment souvent."


Le procédé a l'avantage de nous projeter directement dans l'esprit de Gil, de le rendre réel à nos yeux. C'est sans doute l'une des grandes forces de ce livre, avec la grande tendresse qui s'en dégage, la délicatesse de l'auteur et la dignité avec laquelle il décrit les événements (je n'ai jamais pu supporter ceux qui font du misérabilisme).

La plus grande force, c'est Jessica Renton.

D'accord, je l'admets: je suis amoureuse de Jessica Renton. Ma vision est peut-être un peu biaisée puisque son personnage apparaît avec beaucoup plus de force dans "Le coeur sous le rouleau compresseur", mais tout de même. Cette petite fille, terriblement émouvante, désarmante de courage, m'a fascinée tout au long de la lecture. Il y a quelque chose de magique dans ses expressions, son comportement, ses réflexions trop adultes, dans l'admiration qu'elle suscite chez Gil, aussi. C'est l'un de mes personnages préférés, à travers tout ce que j'ai pu lire ( tout en haut de la liste, il y a Euryale - Malpertuis, de Jean Ray- et Antigone - Bauchau ou Anouilh, vous choisissez, c'est pareil - ). Rien que pour Jessica Renton, cela vaudrait la peine de découvrir ce livre.

Cependant il n'y a pas que ça, il y a même tellement plus! C'est un exercice difficile, de parler d'un livre qu'on aime tellement... A force, on ne sait même plus pourquoi. C'est le coeur qui parle, c'est tout.  Alors soyez sages, et contentez-vous de me faire confiance: lisez "Quand j'avais cinq ans, je m'ai tué". Vraiment. 

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Commentaires
G
Ça me donne envie de le lire mais en même temps, j'ai peur d'en ressortir bien abîmée... -__-' Achacha... Je sais pas trop... Ça se "finit bien" ?... J'veux dire, on croit encore en l'humanité, à la fin, ou y'a plus d'espoir ?
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